Accueillir l’invisible, accueillir l’inaudible : c’est ce dont se chargent les propositions artistiques du duo Todèl. Mais pour ce faire, il faut avant tout faire place, tant aux récoltes de poussières ou de terres – qui viendront se loger dans les sites interstitiels des installations – qu’au temps de la transformation. Si les installations du duo d’artistes appellent la conception de mécanismes (Delta Aurigide, 2014) ou d’instruments d’observation (Avant les mots, 2015) nécessitant des connaissances scientifiques avérées, elles ne s’abîment jamais dans un écueil techniciste. Situés au croisement des arts et des sciences, les bricolages qui résultent des recherches du duo s’ouvrent au poétique et à l’imaginaire. En créant des éléments sculpturaux hybrides permettant une approche phénoménale du monde – citons les ‘’tamis perceptifs’’ de Dissoudre le lieu (2013), les foyers de projection enveloppés de coques en céramique d’Avant les mots –, les artistes engagent une dialectique entre objets à voir et qui donnent à voir. Cette mise en regard soutient la volonté de réinterroger l’objet sculptural.

Le duo Todèl poursuit ses interrogations jusqu’à réactiver des questions essentielles comme « Qu’est-ce que voir, entendre, sentir, toucher ? » grâce à ses arrangements optiques ou auditifs mettant en éveil une perception progressive du monde qui s’attache à la fois à la persistance et au changement. C’est dans cette mouvance que s’inscrivent les potentielles rencontres sonores avec des astéroïdes offertes par des diffuseurs acoustiques en suspension dans la forêt de Cadarcet (Delta Aurigide). Il en va de même pour l’immersion au cœur de projections macroscopiques de peaux minérales et organiques que le déplacement du regardeur, conjugué à la fragilité des suspensions des foyers de projection, attire vers des espaces ottants (Avant les mots).

Parce qu’il cherche à s’enquérir du monde en explorant la multiplicité des modalités d’être-au- monde, Todèl pro le une gure plurielle de l’artiste – tour à tour ou tout à la fois poète, voyageur, chercheur, expérimentateur, aventurier, explorateur – en constant déplacement. Les propositions des artistes semblent se constituer en suivant un processus qui pourrait s’apparenter à celui de la oculation, phénomène d’ailleurs à l’œuvre dans la réalisation de la barbotine servant à créer certaines de leurs pièces. La porosité de chaque proto-installation paraît laisser la possibilité à une production future ou antérieure – qu’elle soit conçue en duo ou qu’elle émane des pratiques personnelles de chaque artiste – de s’y agréger. C’est dans cette disponibilité à l’autre que les installations des artistes, au fil du temps, prennent de la teneur et se tiennent.

 

Christiane Armand

Delphine Wibaux et Tom Rider

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